Agora

En écrivant mon billet du 9 mai, j'ai eu la chance de croiser mon frère qui, de sa lointaine Californie, me questionne et me répond. Quelques Obscurs Commentateurs Non Identifiés (OCNI) se sont rajoutés... J'ai bien aimé lire les commentaires et y ajouter mon grain de sel...


Le sujet me donne envie de faire suite... sous forme de fragments, car tout chez moi, en ce moment, prend la forme brève... Bien entendu, il faudra que chacun y apporte à son tour sa contribution, si nous voulons tirer partie de tout cela. C'est le sens que je donnerai à la place publique, l'agora... Ouvert à tous...

Reprenons quelques thèmes et ajoutons nos variations... ou divagations.

Si la mort est inéluctable et qu'il en est ainsi de tout temps, mais que nous ne pouvons jamais en prédire le moment, jamais nous n'avons été aussi certain de son lieu: selon toute vraisemblance, ça sera à l'hôpital. Ce qui n'est pas pour me réjouir. 

Il y a quelque chose dans l'acharnement thérapeutique qui me déprime. Pas parce que je n'aime pas la vie, loin de là, mais plutôt parce que je crois qu'on ne doit pas oublier cette pulsion destructrice qui nous tient... en vie, précisément. Lu, cette phrase de Dostoïevski: «L'être humain aime-t-il les ruines et le chaos (inutile de le contester, les faits en témoignent) parce qu'il a peur d'atteindre le but qu'il se fixe et d'achever l'édifice qu'il bâtit? (...) Il n'éprouve du plaisir qu'en le construisant...» C'est un peu ce que je voulais dire en écrivant dans mon commentaire que la marche n'a que faire de sa destination et vaut davantage dans son mouvement. C'est aussi l'essence même du désir que de ne point être assouvi... Rien d'inhibiteur à cela, au contraire.

En évoquant mon frère, je ne peux manquer de pense à la religion (sujet qui nous lie et nous désunit) puisqu'il semble très préoccupé de ces questions. Ma première réflexion est la suivante et le concerne directement: puisque à cette heure où la religion est souvent au ban des accusés, où les Catholiques sont trop rétrogrades, les Musulmans, trop fanatiques, les Juifs trop impérialistes, les Hindouistes trop animalistes, les Bouddhistes trop mystiques, les Protestants trop pudiques et les religieux en général trop guerriers et pas assez écologistes (ou tout autres qualificatifs positivistes), il est bien certain que les adeptes de la foi (la foi reconnue comme religieuse) sont tous de... mauvaise foi. Ce qui, entre vous et moi (mais surtout entre mon frère et moi) caractérise admirablement la position intellectuelle et spirituelle de mon frère. Être en porte-à-faux. Baltasar Gracian écrirait: «On ne saurait bien voir les choses du monde qu'en les regardant à rebours». Voilà ce que j'aime et ce que je recherche (et trouve) dans la littérature... comme dans la «mauvaise foi» de mon frère.

Être heureux est, semble-t-il, notre but sinon notre devoir. Pour certain, cela passe par la vie sexuelle et je ne saurais leur donner tort. Pourtant... à l'heure des sexologues, psychothérapeutes, viagra, épanouissements communicationnels, kama soutra et autres mantras, rien ne me semble plus loin de l'idée de bonheur, liberté, harmonie et autres délices... Faisons court: si l'acte sexuel ne nous apprend rien, précisément parce que la connaissance est avalée par l'illumination, tâchons au moins de nous réaliser dans l'espace, fut-il celui, éphémère, de cette même illumination... Ce qui nous éloigne du bonheur, format prescription.

Même si aucune réponse ne nous satisfait, continuons de nous interroger...

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