Le mensonge, sans effort...

Ce qui me paraît le plus navrant de l'histoire du prétendu meurtre de l'ennemi public # 1 (ennemi qui avait la dangereuse tendance à disparaître des écrans radar médiatiques avant sa brusque «résurrection»), c'est le peu d'effort déployé pour simplement paraître crédible… Je veux bien, comme disait Hitler (ou Goebbels?), que «plus le mensonge est gros, plus le peuple le croira», mais quand il est si mal développé, on reste confus devant tant de crédulité…

Bien entendu, ce mensonge sert plus d'une cause; outre les raisons évoquées dans le billet précédent, on pourrait rajouter celles-ci: la mort de Ben Laden justifie l'emploi de la torture (qui nous a permis d'accéder à sa cachette)… la création de la super agence de renseignement (National Intelligence qui regroupe 17 agences fédérales)… les partisans d'une nouvelle intervention américaine dans le monde Arabe (au Pakistan cette fois)… tous les «sportifs» trop heureux de savourer une nouvelle victoire de leur équipe (les bons) contre les terroristes (les méchants), car à défaut de pain, on aura au moins le jeu… les nostalgiques des westerns où la loi du plus fort était toujours la meilleure… les critiques (de gauche, la plupart du temps) du clan américain qui y voit une manifestation de leur incompétence (dix ans, c'est long pour assassiner un seul homme)… les acteurs du complexe militaro-industriel qui ne manqueront pas de faire croître la menace de représailles des «méchants»… auxquels se rajoutent donc les supporters de la guerre en tout genre, à commencer par les marionnettes politiques qui augmenteront les budgets de la défense pour mieux couper dans les programmes sociaux… les joueurs d'al Qaïda qui commençaient à penser qu'on les oubliait, mais qui devrait, aux dires des dirigeants américains, tenter de nouvelles actions d'ici peu (enfin, de l'action, car rien n'est plus décourageant que d'être payé à ne rien faire)… En ai-je oublié? Sûrement, mais une chose est sûre, avec autant de gens réjoui, on se réjouira aujourd'hui de penser qu'il est inutile de faire des efforts pour maquiller nos mensonges; il vaut mieux un mensonge mal enrobé que des gens mécontents.

Que conclure? Ce n'est pas tant les agendas secrets des politiques qui me choquent ou me scandalisent, c'est plutôt cette façon de manipuler l'opinion ou travestir les discours, sans même faire l'effort d'un semblant d'intelligence, cette façon que les consommateurs, en ouvrant leur télévision, ferment leur réflexion... c'est toute cette abdication de la pensée, quand j'y pense, qui ne passe pas...