J’avais donc tout faux. Et doublement faux. Non seulement je ne devrais plus conseiller à mes acheteurs d’acheter des plex qui dépassent dix fois les revenus, mais j’avais également tort d’écrire que l’auteur de notre article du 1er décembre, Claude Chiasson, ne me répondrait pas. Non seulement a-t-il pris la peine de publier, in extenso, la lettre que je lui avais fait parvenir, mais il a consacré l’entièreté de sa chronique à répondre à mes questions. La conclusion, selon lui : un plex qui se vend plus de dix fois les revenus est un mauvais investissement qui trahit un marché hautement spéculatif, lequel profite du trop grand laxisme des banques. Pour une bonne part, sa réflexion se nourrit de l’exemple américain (pour vous en convaincre,écrit Claude Chiasson, regardez ce qui se passe au sud de notre frontière).
Je ne cherche pas ici à faire querelle d’économiste, mais une chose est certaine : le marché immobilier canadien (et surtout québécois) ne saurait en aucun cas se comparer au marché américain et en premier lieu, par le pourcentage que représente les prêts dits à risque. Grosso modo, aux Etats-Unis, cette pratique du prêt à risque (destiné à ceux qui n’ont pas la cote de crédit suffisante pour un prêt conventionnel) représente plus de 30% du marché hypothécaire alors qu’il tourne autour de 5% au Canada.
Il n’est pas surprenant qu’un conseiller en placement privilégie les investissements à la bourse (Si une personne doit choisir entre l’immeuble et les actions, écrit Claude Chiasson, la seconde avenue m’apparaît plus favorable…). Il reste cependant qu’il oublie du même coup que l’immobilier ne répond pas exclusivement à un investissement, mais également à un besoin, bien réel celui-là, et qui est de se loger. Et je devrais également ajouter (à l’attention de mon amie Barbara, cette fois) qu’au-delà du besoin, on rencontre également le désir; pas tant celui d’être propriétaire (mais pourquoi pas), mais également le désir qui prend la forme d’un attachement particulier; ça surgit entre la matière et l’esprit : une maison dégage un esprit; une relation se noue entre soi et le lieu : c’est un détail à l’intérieur ou le charme de l’extérieur, c’est le quartier dans son ensemble ou une odeur familière ou encore la réminiscence quelconque d’un souvenir, au détour d’une porte entrouverte… c’est parfois innommable ou incertain, mais elle existe bel et bien, cette séduction…
Et c’est là où je veux en venir finalement. Le plaisir, le désir et la séduction… C’est bien loin de l’économie, loin de la politique et des théories sociales… je ne dis pas que ça n’y participe pas, mais je crois qu’il importe de revenir à cette notion de désir, de sujet et de souveraineté qui sont, de plus en plus, mis à mal par des économistes, sociologues ou politiciens.
Voilà pour l’heure, ce que je voulais dire. Et quand bien même j’aurais tout faux, je ne m’en sentirais pas plus mal, car j’éprouve un malin plaisir à me sentir en désaccord avec les uns et les autres qui sont eux-mêmes en désaccord l’un avec l’autre. Je me sens soudain plus vivant.
Il faudra bientôt que je vous parle de ma lecture des mémoires de Philippe Sollers qui a la bonne habitude d’être régulièrement détesté par la critique (politique ou littéraire, c’est la même chose). Ça s’intitule Un vrai roman, et ça se lit comme un vrai roman.
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